Pour chacun une bouche deux yeux deux mains deux jambes Rien ne ressemble plus Ă un homme quâun autre homme Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui Ă©clairent entre les mains qui donnent et les mains qui dĂ©pouillent entre le pas sans trace et les pas qui nous guident oĂč est la diffĂ©rence la mystĂ©rieuse diffĂ©rence ? Jean-Pierre SimĂ©onIntroductionde Jean Pierre SimĂ©on 1) « La poĂ©sie, pas peur !» p.4 2) Catalogue dâactions proposĂ©es aux enseignants par le Printemps des PoĂštes p. 7 3) 13e Printemps des PoĂštes (2011) â « d'infinis paysages » p. 9 4) « Aux passeurs de poĂšmes » et co-Ă©ditions du Printemps des PoĂštes p. 10 5) Lâaction du Printemps des PoĂštes tout au long de lâannĂ©e en faveur du milieu La diffĂ©rence Jean-Pierre SimĂ©on La diffĂ©rence / Jean-Pierre SimĂ©on Pour chacun une bouche deux yeux deux mains et deux jambes Rien ne ressemble plus Ă un homme quâun autre homme Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui Ă©clairent entre les mains qui donnent et les mains qui dĂ©pouillent entre les pas sans trace et les pas qui nous guident oĂč est la diffĂ©rence la mystĂ©rieuse diffĂ©rence ? Extrait de La nuit respire Cheyne Ă©diteur. Anthologie, XXe siĂšcle de ALB
Alâoccasion dâun travail sur la diffĂ©rence, le dispositif ULIS sâest rendu dans un studio dâenregistrement professionnel pour mettre en voix le poĂšme de Jean-Pierre SimĂ©on « La diffĂ©rence ». Les Ă©lĂšves ont ensuite cherchĂ© Ă illustrer le poĂšme pour lui donner vie.. poĂšme la DiffĂ©rence. PubliĂ© dans ULIS | Laisser un commentaire. Rechercher sur le site. Recherche
Ainsi, il paraĂźt pertinent dâinterroger les passerelles qui conduisent dâune Ćuvre Ă une autre. Le poĂšme de Jean-Pierre SimĂ©on La DiffĂ©rence in Jean-Pierre SimĂ©on, La Nuit respire, Le Chambon-sur-Lignon, Ăditions Cheyne, 1997 est Ă placer en Ă©cho Ă ce court mĂ©trage et doit permettre aux Ă©lĂšves de sâemparer des mots du poĂšte, car derriĂšre ce poĂšme, il y a toute la question de lâĂȘtre » qui suis-je ? OĂč suis-je ? OĂč vais-je ? Et quâest-ce que le monde en moi, hors de moi ? Quâest-ce que lâautre, que suis-je par rapport Ă lâautre ? Il y a lĂ les questions fondatrices, universelles de la DiffĂ©renceLa DiffĂ©rencePour chacun une bouche deux yeuxDeux mains deux jambesRien ne ressemble plus Ă un hommequâun autre hommeAlorsentre la bouche qui blesseet la bouche qui consoleentre les yeux qui condamnentet les yeux qui Ă©clairententre les mains qui donnentet les mains qui dĂ©pouillententre le pas sans traceet les pas qui nous guidentOĂč est la diffĂ©rencela mystĂ©rieuse diffĂ©rence ?La diction de lâenseignant doit ĂȘtre la plus neutre possible pour autoriser des lectures multiples et conserver la libertĂ© dâinterprĂ©tation de lâĂ©lĂšve. La poĂ©sie est livrĂ©e plusieurs fois, puis, pour mĂ©moriser, les Ă©lĂšves peuvent dire des mots, des expressions, des vers prĂ©sents dans la poĂ©sie, la dire en Ă©cho, rĂ©pĂ©ter chacun des vers, une strophe entiĂšre, mentalement ou Ă haute voix. Ils peuvent Ă©galement varier le ton, le dĂ©bit, la hauteur de voix, lâapprendre en questions-rĂ©ponses, en relais⊠Lâenseignant pourra alors interroger les Ă©lĂšves sur ce qui est commun entre le court mĂ©trage et le poĂšme. Le poĂšme de Jean-Pierre SimĂ©on mĂšnera indiscutablement les Ă©lĂšves vers cet autre qui est finalement le mĂȘme, vers les autres.
SĂ©gustĂ©ditions. SEGUST est une maison dâĂ©dition fondĂ©e en 2018, situĂ©e Ă Manosque en Haute Provence dĂ©diĂ©e Ă lâĂ©dition de poĂ©sie. Les textes des auteurs sont richement accompagnĂ©s de fragments de manuscrits, de peinture, de dessins ou de photographies qui tĂ©moignent dâun subtil dialogue entre le poĂšte et le plasticienï»żPubliĂ© le 2 mai 2017 Pour chacun, une bouche deux yeux deux mains deux jambesRien ne ressemble plus Ă un homme quâun autre hommeAlors entre la bouche qui blesse et la bouche qui consoleentre les yeux qui condamnent et les yeux qui Ă©clairententre les mains qui donnent et les mains qui dĂ©pouillententre le pas sans trace et les pas qui guidentoĂč est la diffĂ©rence la mystĂ©rieuse diffĂ©rence ?Jean Pierre SimĂ©on Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous
Leurmonde est dĂ©pourvu dâimaginaire.» «Il est temps de changer de sĂ©rieux», dit dâune autre façon Jean-Pierre-SimĂ©on dans son essai «la PoĂ©sie changera le
1. ComposĂ©e en Didot corps 12, cette Ă©dition de [ici le titre] a Ă©tĂ© tirĂ©e Ă deux mille exemplaires pour lâautomne [ici le millĂ©sime] sur les presses de Cheyne Ă©diteur, au Chambon-sur-Lignon, Haute-Loire.» Lâinscription figure sur la derniĂšre page des livres de la prestigieuse collection verte deux nouveautĂ©s publiĂ©es par an. Les ouvrages sont consultables et caressables dans la librairie lâArbre vagabond, QG du festival Lectures sous lâarbre organisĂ© par Cheyne. Papier vergĂ©, jaquettes Ă©lĂ©gantes et finement grenues, et le poinçon du plomb sur les pages cousues. Ce mĂȘme plomb qui, pieusement mĂȘlĂ© Ă de lâantimoine, servit Ă Gutenberg Ă imprimer la premiĂšre Ă©dition latine de la Bible 1453. Un bel Ă©crin, les livres de Cheyne, mais pour quel trĂ©sor? Pour quelle parole sacrĂ©e?La suite aprĂšs la publicitĂ© Les Ă©crivains sur scĂšne un truc de beau gosse ? 2. Dans son Panorama de la poĂ©sie française aujourdâhui», Ă©voquĂ© dans une prĂ©cĂ©dente tribune, Jean-Michel Espitallier sâen prend Ă ceux pour qui la poĂ©sie serait d'abord affaire de profondeurs, parole oraculaire ⊠forant dans l'Ă©paisseur encrĂ©e de lâineffable.» 3. DâoĂč parle Jean-Michel Espitallier? Dâune esthĂ©tique joueuse et expĂ©rimentale, ennemie du lyrisme forcĂ©ment boursouflĂ©, adepte de la parodie et du dĂ©tournement â certaine avec ValĂ©ry que le plus profond, câest la peau». Et dâune nĂ©buleuse de pouvoir Ă©ditorial qui rassemble les Ă©diteurs Al Dante et et le cipM Centre international de poĂ©sie de Marseille. A travers notamment la publication de lâanthologie PiĂšces dĂ©tachĂ©es» du mĂȘme Espitallier, en 2011 chez Pocket, et de celle dâYves di Manno et Isabelle Garron dite anthologie Flammarion» en 2017 choix beaucoup plus vastes, mais affinitĂ©s Ă©lectives avec la premiĂšre, cette nĂ©buleuse a encore renforcĂ© sa visibilitĂ©, bien supĂ©rieure Ă son poids rĂ©el. Dix pour cent de la poĂ©sie en France», tranche Jean-Pierre SimĂ©on, lyrique pas bĂ©gueule, fondateur du Printemps des poĂštes et membre du comitĂ© Ă©ditorial de Cheyne. "La poĂ©sie sauvera le monde" et puis quoi encore?La suite aprĂšs la publicitĂ© 4. Espitallier la poĂ©sie ennemie ne peut se concevoir qu'en Ă©troite association avec de beaux livres artisanaux. ⊠Du coup, [elle] a fini par ĂȘtre parfois associĂ©e Ă un artisanat sympathique, comme la boulangerie d'art et les tourneurs sur bois. Belle ouvrage et artisan-poĂšte, vaguement libertaire avec collĂ© aux basques un peu de cette terre "qui ne ment pas".» Fichtre. 5. Cheyne nâest pas un Ă©diteur de la ruralitĂ©, sâagace Jean-François Manier, son fondateur. Ce qui nous caractĂ©rise, câest notre indĂ©pendance. Nous lisons, nous fabriquons, nous diffusons, nous distribuons. Nous avons une complĂšte indĂ©pendance Ă©conomique, Ă la diffĂ©rence de LâOlivier Le Seuil et de [capital dĂ©tenu Ă 88% par Gallimard, NDLR].» 6. Oui, mais tout de mĂȘme. FlorilĂšge de titres du catalogue du Cheyne Venant le jour», MalgrĂ© la neige», lâEpine et sa mĂ©sange», Une femme de ferme», le Bois de hĂȘtres», MĂ©tairie des broussailles», le Livre des poules». FlorilĂšge Al Dante la PoĂ©sie motlĂ©culaire», Gang blues ecchymoses», Meurtre artistique munitions action explosion», FrĂšres numains discours aux classes intermĂ©diaires», Lecture de 5 faits dâactualitĂ© par un septuagĂ©naire bien sonné». Ce nâest pas tout Ă fait le mĂȘme son de cloche ou de balle dum-dum. 7. Je ne sais pas trop ce que je fais ici, sâamuse la romanciĂšre Marie-HĂ©lĂšne Lafon, invitĂ©e du festival. Mais oui, sans doute, il existe une littĂ©rature des pays et des paysages dans laquelle je mâinscris, comme Pierre Michon, Pierre Bergounioux ou Mario Rigoni.»La suite aprĂšs la publicitĂ© Haute PoĂ©sie Bisounours et autres curiositĂ©s 8. De Cheyne on connaĂźt lâhistoire, ressassĂ©e dâarticle en article la dĂ©couverte en 1977, par Jean-François Manier et sa compagne dâalors, dâune ancienne Ă©cole isolĂ©e sortant de la brume cf. JosĂ© Arcadio BuendĂa fondant Macondo, au sortir dâun rĂȘve, au dĂ©but de Cent ans de solitude», lâapprentissage de la typographie au plomb, le lancement en 1980, sans un sou, de la maison dâĂ©dition, le pari en 1992 dâun festival sur la base dâun concept porteur mettons un poĂšte sous un arbre⊠Lâhistoire tend Ă devenir story-telling et dĂ©tourner de lâessentiel les livres publiĂ©s. 9. Le haut pays» de Jacques Vandenschrink est celui des vents intransigeants» et du merle goulu», des martinets cisaillant le crĂ©puscule» et des mĂ©sanges saoulĂ©es de se dĂ©crocher en plein vol dans chaque merisier». Chez Julie Delaloye, on vit Ă la lisiĂšre des brumes», on entend le chant portĂ© par la vigne», on sent la fraĂźcheur fidĂšle de lâherbe», on voit la paupiĂšre rompue du chamois». Chez Jean-Yves Masson, souvenir des vols dâabeilles», odeur des blĂ©s parfaits», cerf au regard vĂ©hĂ©ment». Ce nâest quâun Ă©chantillon, mais sâil nây a pas lĂ une lignĂ©e d'hĂ©ritiers de Char et de Jaccottet paysage mĂ©diterranĂ©en â plus ou moins pentu â et mĂ©taphores en rafaleâŠLa suite aprĂšs la publicitĂ© Philippe Jaccottet, le trĂšs haut 10. Crypto-pĂ©tainiste, la poĂ©sie des champs, comme lâinsinue taquinement Jean-Michel Espitallier? A la salle des Arts de Saint-AgrĂšve, pas trĂšs loin du Chambon-sur-Lignon, village collectivement Ă©levĂ© au rang de Juste par le mĂ©morial de Yad-Vashem, Denis Lavant a lu rauque, athlĂ©tique deux trĂšs courts textes de rĂ©sistance publiĂ©s par Cheyne. Matin brun » de Franck Pavloff 1998 est une fable grinçante et drĂŽle sur l'ascension de l'extrĂȘme-droite en France deux millions d'exemplaires vendus, grĂące Ă une sorte d'effet Hessel â Indignez-vous» â avant la lettre. Traverser lâautoroute», de Maxime Fleury 2017, câest un enfant devant une glissiĂšre dâautoroute, un flot de voitures, et de lâautre cĂŽtĂ©, peut-ĂȘtre, son pĂšre, avec qui il essaye de communiquer en langue des signes. Câest le gamin qui raconte, il parle un peu comme le Momo de Romain Gary dans la Vie devant soi» â le genre tĂŽt grandi. Au milieu des bidons, des palettes et des parpaings, dans son campement sans eau potable, il se sent comme ces gouttes de pluie sans destin Câest comme nous, on vient de loin et on sâĂ©crase au bord de lâautoroute.» Sur scĂšne, Edwy Plenel lâEdwy Plenel Mediapart est partenaire du festival ponctue, prolonge. Parle des rĂ©fugiĂ©s Quand quelquâun coule, on le sauve.», cite PĂ©guy Il y a quelque chose de pire que d'avoir une Ăąme mĂȘme perverse. C'est d'avoir une Ăąme habituĂ©e.». Se moque de lui-mĂȘme Encore un prĂȘche du pĂšre Plenel!»La suite aprĂšs la publicitĂ© "Si PĂ©guy me proposait un article pour MediapartâŠ" entretien avec Edwy Plenel 11. La soirĂ©e Neruda plombe un peu. Passons sur les juvĂ©niles poĂšmes dâamour, dont la traduction rĂ©clamerait une langue semblable cristalline et facile Ă celle de cet autre poĂšte Ă©lu des draps», Paul Ăluard. Reste le Neruda politique, dessillĂ© par la guerre dâEspagne, guĂ©ri de ses dĂ©rives gidiennes et rilkiennes», torrentiel et gĂ©nial sans doute, mais stalinien sinon de cĆur, du moins de style. Tu mâas fait lâadversaire du mĂ©chant, tu mâas fait mur contre le frĂ©nĂ©tique âŠ/Tu mâas rendu indestructible car grĂące Ă toi je ne finis plus avec moi.» A mon parti» 12. La figure du poĂšte-phare fait rire aujourdâhui petits et grands. Mais sans doute faut-il prendre en compte les contextes historiques et locaux. Jâai grandi dans une culture oĂč les politiques sont des poĂštes, oĂč lâart oratoire est un art poĂ©tique, se souvient Edwy Plenel, qui a vĂ©cu Ă la Martinique jusquâĂ lâĂąge de 10 ans. La poĂ©sie de CĂ©saire, qui semble hermĂ©tique, complexe, est trĂšs concrĂšte. Le matin il recevait Ă la mairie, Ă midi il partait avec son chauffeur et faisait le tour de lâĂźle. Sa poĂ©sie est en partie nourrie de ces promenades.» 13. Nos Ă©lites hexagonales issues de lâX ou de ENA, poursuit Plenel, regardent ça avec dĂ©dain, comme si ce nâĂ©tait quâun supplĂ©ment dâĂąme, une distraction. Leur monde est dĂ©pourvu dâimaginaire.» Il est temps de changer de sĂ©rieux», dit dâune autre façon Jean-Pierre-SimĂ©on dans son essai la PoĂ©sie changera le monde», qui invite Ă dresser dans lâespace public la barricade du poĂšme». Hmmmm. Dans son blog, lâĂ©crivain Pierre Jourde se moque de cette doxa indĂ©finiment rĂ©pĂ©tĂ©e depuis deux siĂšcles, avec ses synonymes interchangeables, rĂ©bellion, insurrection, insoumission, qui trouve son apogĂ©e grotesque dans "lâĂloge des voleurs de feu" de Dominique de Villepin, le fameux marginal».La suite aprĂšs la publicitĂ© L'insurrection institutionnelle, par Pierre Jourde 14. Dans son essai cependant, SimĂ©on parle dâautre chose. Dâune langue appauvrie par ses usages mĂ©diatiques et technocratiques, et dâun imaginaire devenu territoire occupĂ© et soumis». Jâen ai Ă©tĂ© tĂ©moin tant de fois la plupart de ceux qui ⊠entendent un poĂšme Ă eux offerts Ă lâimproviste, remercient. Jâai eu le sentiment parfois quâils y retrouvaient une dignitĂ© et comme une fiertĂ© pour eux-mĂȘmes.» Denis Lavant Jâai fait cinq lectures en Russie, entre Ekaterinburg et Rostov, devant un public qui considĂ©rait que la poĂ©sie avait une grande importance. En Colombie aussi, la poĂ©sie est dans la vie.» 15. Revenons au catalogue du Cheyne, quâil serait injuste de rĂ©duire Ă quelques Ă©pigones dâune poĂ©sie altiĂšre qui fait sa mystĂ©rieuse. Je mâaccroche Ă la nuit, quâest-ce que ça veut dire?» Ito Naga est perplexe. La mĂ©taphore, ça nâest pas son truc. Lui est astrophysicien, il a dâautres motifs dâĂ©tonnement. On ne pense pas [que la lune] peut trembler au moment oĂč on la regarde. Il y a des tremblements de lune comme il y a des tremblements de terre.» Mais lâastrophysique, dit-il, ça nâest pas ça qui permet dâĂȘtre au monde. Il a placĂ© en en-tĂȘte de son livre NGC 224» une citation de Rilke Ătre ici est une splendeur.» Par exemple Ă cet instant prĂ©cis "Ah ! Tu es comme ça, toi ?", sâest Ă©tonnĂ©e cette enfant quand je suis ressorti de lâeau aprĂšs un plongeon dans la piscine.» Ses petits vertiges», Ito Naga haut gentleman Ă lâĆil bleu perchĂ© les doit aussi Ă sa longue frĂ©quentation du Japon. Pour faire des raviolis, on dit en japonais quâil faut pĂ©trir la pĂąte jusquâĂ ce quâelle ait la consistance des lobes dâoreille mimi tabu. La poĂ©sie serait-elle simplement le goĂ»t des choses?» Glissements, rebondissement, dĂ©rivations avec un art consommĂ© du montage, lâauteur coud ses fragments â bouts philosophiques, boutures de sensations, pĂ©pites philologiques, demi-blagues⊠Ses quatre livres sont Ă©galement suite aprĂšs la publicitĂ© Le long cri d'AimĂ© CĂ©saire n'a pas fini de rĂ©sonner 16. La mĂ©taphore, Jean-Claude Dubois ne lâaime guĂšre non plus. Il revient de loin, du lyrisme Ă©bouriffĂ© du surrĂ©alisme. Et puis il a rencontrĂ© Guillevic des textes trĂšs courts, des distiques souvent, de 8 Ă 10 syllabes, sans images, sans clinquant, sans scintillement.» Rencontre avec une forme, mais aussi avec un alter ego solitaire, qui, enfant, communiquait avec un bol, une bouteille, une table, nâavait pas mĂȘme un animal, a perçu la vie dans les pierres.» Son livre Le Canal» raconte une transaction secrĂšte» la plus belle dĂ©finition de la poĂ©sie, elle est de Jaccottet» entre un enfant et un canal. Jâavais dix ou douze ans. Mon compagnon de jeu Ă©tait un canal Ă grand gabarit. ⊠JâĂ©coutais le canal rendre la justice./ Quand il avait fini,/je rentrais chez moi./Il retournait dans son verre dâeau.» Dans le canal il y a des aĂŻeux, une femme dâoctobre mais on ne sait plus de quel jour ⊠qui pose son village sur la table de nuit et sâendort.» Et puis ce canal fait de vinaigre/et dâennuis», couleur de noyade» Cioran en exergue, il faut le quitter, sâen dĂ©pĂȘtrer comme Ă regret, peut-ĂȘtre pour grandir. Le Canal» est tissĂ© dâun charme douceĂątre et brumeux, dâĂ©piphanies discrĂštes, de dĂ©solations retenues. On songe parfois Ă un Christian Bobin sans Dieu. Câest dire si la voix de Jean-Claude Dubois est suite aprĂšs la publicitĂ© Les bons sentiments de Christian Bobin font-ils de la bonne littĂ©rature? 17. Robert et JosĂ©phine », de Christiane Veschambre, est un autre livre fondĂ© sur le montage, qui Ă©voque par sĂ©quences lâhistoire des parents de lâauteure JosĂ©phine arrive Ă la Jeune France», trouve une famille», va chercher son mari Ă la sortie de lâusine», repasse», nâa plus dâargent»⊠CinĂ©ma trouĂ© de lâexpĂ©rience intĂ©rieure», de lâĂ©motion mĂ©ditĂ©e» Bataille. Mais la langue est Ă lâopposĂ© de lâĂ©criture behavioriste du commun des scĂ©narios. Il sâagit, pour lâĂ©crivain, de faire taire en soi la belle langue» ⊠pour quâaprĂšs le silence puisse surgir la langue des soubassements» selon GĂ©rard Noiret sur lâexcellent site En attendant Nadeau. Une basse langue», des mots pauvres» titres de deux autres recueils de Veschambre Quand JosĂ©phine/est apparue//sur terre/personne//ne sâen est aperçu.» Chercher une basse langue pour camper les gens de peu» le sociologue Pierre Sansot, câest en somme le contraire du projet dâun Pierre Michon. Christiane Veschambre se place du cĂŽtĂ© des microgrammes» de Robert Walser, dâErri de Luca, dâEmily Dickinson. Les mains de JosĂ©phine/au-dessus du drap repliĂ©/qui protĂšge la table/et borde la page/que lâenfant tourne». Un critique ne devrait pas dire ça tout le livre est trĂšs suite aprĂšs la publicitĂ© Que s'est-il passĂ© dans la poĂ©sie française depuis un demi-siĂšcle ? 18. Pas de tendance fracassante, de trending poetic; pas de post-liturgistes, pas de supra-spleenĂ©tiques; la poĂ©sie est devenue bien ennuyeuse. Ah si, tout de mĂȘme le recueil» est Ă la baisse, le livre» Ă la hausse. Ce nâest sans doute pas juste une coquetterie de dĂ©nomination. Jean-Claude Dubois par exemple, au cours dâune causerie sur Guillevic, insistait sur la nĂ©cessitĂ© de travailler un thĂšme jusquâau cĆur». Ito Naga et Christiane Veschambre ne diraient pas autre chose. Ce qui se joue? Lâeffacement relatif du livre de poĂ©sie pensĂ© comme un florilĂšge de flĂšches, dâĂ©piphanies â loin des moments nuls» de la vie que Breton jugeait indigne de cristalliser». JB Corteggianiauteur et rĂ©alisateur