299 452 000 banque de photos, images 360° panoramiques, vecteurs et vidĂ©osEntrepriseSĂ©lectionsPanierRechercher des imagesRechercher des banques dâimages, vecteurs et vidĂ©osLes lĂ©gendes sont fournies par nos de l'imageContributeur42pix / Alamy Banque D'ImagesTaille du fichier50,2 MB 1,9 MB TĂ©lĂ©chargement compressĂ©Dimensions5120 x 3427 px 43,3 x 29 cm 17,1 x 11,4 inches 300dpiDate de la prise de vue7 avril 2007LieuLake wakatipu, queenstown, otago, south island, new zealandRecherche dans la banque de photos par tags
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Souvenirs d'un moment de l'enfance alors que dĂ©filent les hauts lieux de l'architecture Suisse de la Riviera. Reprendre la lecture Lâhistoire nâa quâune fonction connexe. Elle nâest rien sans les personnes qui lâont façonnĂ©e. Au fil des quais, de mes extrĂ©mitĂ©s percluses de douleurs mâempĂȘchant de tenir un fixpencil, et de mes articulations grinçantes, je me souviens des hommes et des femmes qui mâont Ă©tĂ© chers. Nous sommes en 1995. Et alors que mes pas hĂ©sitants me conduisent plus loin que le point de fuite du bĂątiment administratif de NestlĂ©, rĂ©alisĂ© par Jean Tschumi en 1960, mes souvenirs remontent Ă cet Ă©tĂ© 1924. Jâavais alors douze ans. Je me souviens de mon pĂšre. Emilio. ImmigrĂ© italien, il sâĂ©tait installĂ© Ă Vevey en 1899 avec sa famille alors quâil nâavait que neuf ans. A quatorze ans, il quitta lâĂ©cole et se mit Ă travailler sur les chantiers. On disait de lui que câĂ©tait un sacrĂ© bosseur, du moins, on ne tarissait pas dâĂ©loges sur son travail. Durant quatre ans, il Ă©cuma les chantiers de la rĂ©gion et, aprĂšs avoir amassĂ© son petit pĂ©cule, il se prit un local artisanal et crĂ©a une sociĂ©tĂ© de construction. Une annĂ©e plus tard, il Ă©pousa ma mĂšre, une Maillard du canton de Fribourg. Ils sâinstallĂšrent dans une petite maison quâil avait fait bĂątir dans le quartier populaire de lâAthĂ©nĂ©e. LĂ , se disputaient des constructions plus massives, agglomĂ©rĂ©es Ă lâOuest de la Veveyse, le cours dâeau qui descendait depuis ChĂątel-St-Denis et se jetait dans le lac. Lâendroit Ă©tait encore prĂ©servĂ© de lâurbanisation qui se dĂ©veloppait dans le Sud-Est de la ville. La maison Ă©tait simple. Sa seule prĂ©tention relevait de sa fonctionnalitĂ©. Sur trois niveaux, rĂ©alisĂ©e en dalles Ă hourdis et façades en briques crĂ©pies, elle nâavait pas lâambition des villas luxueuses des coteaux de Corseaux qui offraient un panorama sur le lac LĂ©man. En 1912, je vis le jour. Je fus leur seul enfant au dĂ©sespoir de mon pĂšre qui rĂȘvait dâune grande fratrie. Le temps passa et grĂące Ă son talent, il constitua une petite Ă©quipe dâouvriers et Ă©tendit son activitĂ© entre Lausanne et Villeneuve, villes qui voyaient se dĂ©velopper leur urbanisation, comme si le tournant du siĂšcle avait ce pouvoir de tout chambouler. Lâentreprise, devenue florissante, acquit une bonne notoriĂ©tĂ© sur toute la Riviera vaudoise. Mais malgrĂ© cela, mon pĂšre conserva la maison dans le quartier de lâAthĂ©nĂ©e. Il Ă©tait ce genre dâhomme. ConcentrĂ© sur sa tĂąche. Il ne voulait pas donner aux autres lâimpression quâil ne lui Ă©tait plus nĂ©cessaire dâĂ©cumer les chantiers et dâĂ©taler sa rĂ©ussite. En vĂ©ritĂ©, il aimait ça bĂątir. De ses mains. Et câest peut-ĂȘtre cela quâil me transmit. Cette volontĂ© intarissable de ne pas baisser les bras et de sâavouer vaincu. CâĂ©tait un battant. Et je lâadmirais pour ça malgrĂ© ses dĂ©fauts. Avant lâincident de lâĂ©tĂ© 1924, je lisais beaucoup, Ă©pluchant les ouvrages littĂ©raires contemporains et classiques. Je me destinais Ă prendre des chemins acadĂ©miques sous le regard chargĂ© de fiertĂ© de ma mĂšre, Ă lâinverse de mon pĂšre qui lui, voyait cela dâun mauvais Ćil. Avec son vĂ©cu dâouvrier, il lui Ă©tait difficile dâadmettre lâintĂ©rĂȘt de son fils. Cela le dĂ©passait. CloisonnĂ© dans les schĂ©mas de son Ă©ducation, il nâarrivait pas Ă se dĂ©faire de cette situation qui le dĂ©sarçonnait. Et plutĂŽt que de la comprendre et de lâaccepter, il sâenfermait dans un mutisme pesant. Il ruminait, ravalant sa colĂšre. A son insu, et en parallĂšle de mes lectures, je me mis Ă dessiner des croquis. Pris dâaffection pour les peintres de la Renaissance et de lâimpressionnisme, je ne comptais plus les dessins, les aquarelles, que jâavais rĂ©alisĂ© sous lâĆil admiratif de ma mĂšre qui taisait mon talent face Ă son mari obtus. Ce qui furent dâabord des portraits, se transformĂšrent ensuite en croquis plus schĂ©matiques. Jâimaginais des citĂ©s nimbĂ©es de silhouettes Ă©vanescentes, noyĂ©es dans les dĂ©cors comme dans les tableaux des grands maĂźtres. Puis, de lâart figuratif, je passais naturellement au dessin technique. Ma fascination sâorienta vers les grandes citĂ©s de lâAntiquitĂ© dont je tentais de reproduire les Sept Merveilles. GrĂące Ă cette technique, mon trait sâaffina, et se raffermit au fil du temps. En guise de documentation, je me rendais rĂ©guliĂšrement Ă la bibliothĂšque municipale pour y consulter des ouvrages traitant dâarchitecture antique et des lithographies des siĂšcles passĂ©s. Je tombais sur un bibliothĂ©caire qui remplaçait Madame Boulard, la vieille acariĂątre qui nâavait que le mot Chhhhht » Ă la bouche. Celui-ci Ă©tait Ă©lancĂ©, avait lâallure dâun dandy avec son nĆud papillon, sa fine moustache, et ses cheveux impeccablement peignĂ©s en arriĂšre. Il fronça les sourcils lorsque je lui tendis des livres sur lâarchitecture antique. â Dans quel but louez-vous ces ouvrages, jeune homme ? Je balbutiais des mots inintelligibles. Il opina sans sourire et me demanda sur le ton de la confidence â Nâas-tu jamais rĂȘvĂ© de lignes sobres ? Dâun dessin original, oĂč toute la perspective se rejoint en un point distinct ? Cette ligne de fuite qui, dans un rĂȘve, peut prendre des allures de perspective accĂ©lĂ©rĂ©e comme savait si bien les rĂ©aliser William Hogarth ? â Je⊠je ne comprends pas, furent les seuls mots qui sortirent de ma bouche. â Voici quelque chose de plus contemporain qui vous ouvrir Ă dâautres perspectives jeune homme, me dit-il en me tendant deux ouvrages. Les couvertures annonçaient Staatliches Bauhaus im Weimar 1919-1923 et CittĂ Nuova. RĂ©signĂ© de nâavoir pu louer les ouvrages que je voulais, jâallais prendre place Ă lâĂ©cart sous un Ă©clairage blafard. Et subitement, alors que jâouvrais le livre sur le Bauhaus, tout devint clair. Mais ce nâest que lorsque je dĂ©couvris le travail du jeune architecte futuriste Antonio SantâElia, que tout sâillumina autour de moi. Ce jour-lĂ , je feuilletais avec une passion grandissant lâouvrage intitulĂ© CittĂ Nuova qui allait devenir lâinspiration de ma future vocation. CâĂ©tait comme si je mâĂ©veillais dâun rĂȘve et quâune image Ă©blouissante sâimposait Ă moi celle dâespaces ouverts, oĂč les façades se reflĂ©taient dans des plans dâeau, oĂč la course du soleil acheminait la lumiĂšre et inondait lâintĂ©rieur dâune surface de vie. Cette pĂ©riode fut trĂšs anxiogĂšne pour moi mais aussi libĂ©ratrice pour celui que je deviendrais. Jâavais dĂ©couvert ma passion, celle qui mâanimerait toute ma vie. Et aujourdâhui, tandis que les quais me conduisent jusquâĂ cet endroit qui, un jour, a vu ma vie basculer tout autant dâun point de vue professionnel quâĂ©motionnel, je me dis que je nâaurais pas souhaitĂ© que cela se dĂ©roule autrement. Peut-ĂȘtre devais-je passer par ce stade-lĂ pour enfin dĂ©couvrir qui je voulais rĂ©ellement devenir. Lâincident Ă©tait survenu un aprĂšs-midi dâĂ©tĂ©, durant les grandes vacances. Alors que je dĂ©couvrais une part de moi-mĂȘme, celui-ci allait tout changer pour moi. â Quâest-ce que câest ? demandais-je. â Ben, une maison de troglodyte, rĂ©pondit Nico en ricanant. Gustave leva les yeux au ciel pour souligner lâintervention idiote de Nicolas. Sa grimace provoqua lâhilaritĂ©. â Une quoi ? pouffa Denis. â Ăa mâa plutĂŽt lâair dâune maison de pĂȘcheur, avança Gustave encore hilare. Assis sur le flanc dâun verger, notre vue sâĂ©tendait sur le LĂ©man. Au-delĂ du lac se dressaient les cimes crĂ©nelĂ©es des Dents-du-Midi et du Grammont qui se fondaient en direction de lâOuest, des alpes françaises, lĂ©gĂšrement noyĂ©es sous un voile de brume. On mâavait expliquĂ© que câĂ©tait lâĂ©vaporation du lac qui causait cet effet opaque ». LâĂ©tĂ© 1924 Ă©tait pourtant chaud et sec. Nous Ă©tions quatre amis, assis Ă lâombre dâun cĂšdre, et regardions le chantier sur les berges du lac oĂč sâaffairaient des ouvriers. Nico expliqua que le terme troglodyte nous venait du grec ancien qui signifiait caverne » et pĂ©nĂ©trer dans ». En rĂ©sumĂ©, un troglodyte Ă©tait un habitant des cavernes. â ArrĂȘte de nous charrier, Nico. A force de te bourrer la caboche avec toute cette science, tu vas finir vieux et cĂ©libataire comme ce bon professeur Labuelle, ricana Denis. Je ne relevais pas la remarque, car je nâĂ©tais pas moins curieux que mon ami Nicolas. Celui-ci, de sa tĂȘte blonde Ă©bouriffĂ©e, adressa un sourire carnassier Ă Denis. Mais il ne dĂ©mentit pas ce que nous savions tous il remplacerait Monsieur Labuelle dans les classes du primaire lorsque celui-ci serait devenu trop vieux pour enseigner. Soudain, nous entendĂźmes depuis le chantier un Ă©clat de voix, puis un autre. Nos tĂȘtes se tournĂšrent dans cette direction. â Et si on allait voir de plus prĂšs ce qui sây passe les gars, proposa Gustave le plus petit et aussi le plus intrĂ©pide dâentre nous. Sans attendre dâĂ©ventuelles rĂ©criminations de Denis, nous nous Ă©lançùmes dans lâherbe haute. Il Ă©tait sur nos talons et nous criait de lâattendre, ralenti par son embonpoint. Le flanc du verger descendait en pente douce, et venait mourir au niveau dâune route carrossable qui sĂ©parait les coteaux des berges du lac. Un mur avait Ă©tĂ© Ă©rigĂ© pour dĂ©limiter la propriĂ©tĂ© avec la route. Alentours, des friches, des vergers, et les moustiques assaillant lâimpudent qui recherchait la fraĂźcheur des eaux du lac. PlanquĂ©s derriĂšre le mur Ă mi-hauteur, nous fĂźmes des signes Ă Denis pour quâil soit discret, ce qui habituellement nâĂ©tait pas son for. Il haletait comme un bĆuf quand il nous rejoignit. DerriĂšre le mur, nous entendĂźmes un dialogue animĂ© entre deux hommes. â Vous ne pouvez pas faire ça⊠dit le premier Ă lâaccent italien fortement prononcĂ©. Il grommela. â Je vous dis que ça fonctionnera, ne soyez pas si entĂȘtĂ©, rĂ©pondit le second au parler distinguĂ©. â Et moi je vous dis quâen vingt ans de chantier, je nâai jamais vu quelque chose dâaussi saugrenu, riposta le premier. Je connaissais cette voix. Et ces roulements caractĂ©ristiques de r ». Lâautre rĂ©torqua â Et bien faites-le et vous pourrez dire partout quâun MaĂźtre dâOuvrage vous a ouvert les yeux sur les mĂ©thodes de construction modernes. Il faut de lâouverture, Emilio. De la lumiĂšre, bon sang ! Subitement, Ă lâĂ©vocation de ce prĂ©nom, je me sentis pris dâun malaise. â Si vous voulez de la lumiĂšre, Monsieur Jeanneret, allumez lâinterrupteur ! Je nâassumerai aucune responsabilitĂ© en cas de flĂ©chissement, je vous prĂ©viens. Probablement que mes amis sâaperçurent de mon trouble, car je vis Nico mâinterroger du regard et froncer des sourcils. Denis me toucha lâĂ©paule et chuchota â Ăa va Jean ? Tâes pĂąle comme une merde de laitier. â Partons dâici, dis-je aussitĂŽt sur le point de me lever pour prendre mes jambes Ă mon cou. â Quoi ? dit Nicolas, mais on vient Ă peine dâarriver. Câest maintenant que ça devient intĂ©ressant. Je nâavais aucune envie de mâĂ©terniser, quand soudain, la tĂȘte dâun ouvrier Ă©mergea par-dessus le muret et sâĂ©cria â Quâest-ce que vous faites lĂ vous ? Nous sursautĂąmes. La discussion entre les deux hommes sâinterrompit puis, ils apparurent par lâouverture pratiquĂ©e dans le mur de dĂ©limitation et sâapprochĂšrent de nous. Mon malaise sâaccentua. Lâun Ă©tait imposant. Il avait de lâallure dans son costume et sa chemise blanche impeccable ornĂ©e dâun nĆud papillon. Son visage allongĂ© Ă©tait cerclĂ© par de larges lunettes rondes et noires. Des cheveux parsemaient son crĂąne qui ne tarderaient pas Ă se clairsemer. Ses lĂšvres, aussi minces quâun trait, suçotaient une pipe. A ses cĂŽtĂ©s se tenait un autre homme. Plus petit et trapu. Son visage blĂȘmit aussitĂŽt quand il nous vit. â Vous connaissez ces jeunes gens, Emilio ? Silence durant lequel lâhomme se demanda ce quâil devait rĂ©pondre, puis dĂ©clara â Non. Ce nâest pas un endroit pour vous. Partez ! Allez oust, rentrez chez vous ! Nous nâattendĂźmes pas un second avertissement et nous enfuĂźmes Ă toutes jambes. Je ne pus mâempĂȘcher de lancer un regard au second homme, qui lâĂ©vita, suscitant mon incomprĂ©hension. Une fois aux portes de Vevey, nous nous arrĂȘtĂąmes, essoufflĂ©s. Nico, toujours lâesprit alerte, me prit Ă parti. â Jean, tu peux expliquer ce qui sâest passĂ© lĂ -bas ? Je haussais les Ă©paules. Gustave et Denis nous regardaient dubitatifs. â Tâas vu comme il tâa regardĂ©, enchaĂźna-t-il. CâĂ©tait qui ce type ? Tu le connais cet Emilio ? Un peu honteux, je lui rĂ©pondis dâune voix tremblante â CâĂ©tait mon pĂšre. La situation dans laquelle je mâĂ©tais retrouvĂ© mâavait fait comprendre Ă quel point les gens peuvent ĂȘtre durs, mĂȘme nos parents. Ce jour-lĂ , le traitement dont mâavais gratifiĂ© mon pĂšre me fut des plus amer et difficile Ă digĂ©rer. Et ne pas en connaĂźtre la raison est toujours plus rude Ă accepter plutĂŽt que de recevoir la brimade elle-mĂȘme. AprĂšs les quais et le bĂątiment de NestlĂ©, mes pas me portent vers les bĂątiments dâenceinte de la piscine municipale de Vevey-Corseaux. Il nây a plus dâaccĂšs au lac aujourdâhui, seulement un parking pour les usagers de la piscine. Je le contourne et rejoins un trottoir qui longe la route cantonale jusquâĂ ma destination. Je repense Ă ce qui sâest passĂ© aprĂšs lâincident. Sur le chemin du retour, jâavais quittĂ© mes amis et ruminais. Mon esprit tourmentĂ©, pris dans un Ă©cheveau de sombres pensĂ©es oscillait entre lâincomprĂ©hension et la colĂšre. QuâĂ©tait donc passĂ© par la tĂȘte de mon pĂšre pour mâignorer ? Qui Ă©tait cet homme avec qui il avait eu cet entretien animĂ© ? En rentrant, ma mĂšre mâaccueillit Ă bras ouverts, mais je nâeus pas le cĆur de lui raconter ma mĂ©saventure. Je mâexcusais et montais dans ma chambre, attendant le moment fatidique oĂč mon pĂšre rentrerait. Je pris mon carnet de croquis et commençais Ă dessiner. Ce quâil en ressortit nâĂ©tait pas Ă la hauteur de mes espĂ©rances tant la situation me pesait. Lorsque mon pĂšre rentra, il fut lâheure de dĂźner. Autour de la table, de maigres paroles furent Ă©changĂ©es. Il ne souffla mot sur mon sujet de prĂ©occupation qui me taraudait. JâĂ©vitais son regard. Ma mĂšre, sentant la tension autour de la table, sâaffaira rapidement Ă la vaisselle. Au fond de moi, je bouillonnais. Fallait-il que je provoque une discussion ? Mon pĂšre me laisserait-il ainsi, sans explication ? Le soir venu, jâallais me coucher et eu beaucoup de peine Ă trouver le sommeil. Les jours dĂ©filĂšrent, me laissant encore plus perplexe que je ne lâavais Ă©tĂ© lors de lâincident. Mon pĂšre me fuyait, je le voyais bien. Cette promenade mâa fait prendre conscience que je ne suis plus ce jeune homme dâantan. La route cantonale que je longe maintenant nâĂ©tait pas plus quâun chemin de terre lorsque jâavais douze ans. Mes yeux fatiguĂ©s distinguent sans peine le mur dâenceinte, celui-lĂ mĂȘme derriĂšre lequel je mâĂ©tais cachĂ© pour travailler durant lâĂ©tĂ© 1924. Aujourdâhui, la maison est gĂ©rĂ©e par une Fondation. Elle y accueille des adeptes dâarchitecture du monde entier. On y vient visiter lâĆuvre du MaĂźtre quâil rĂ©alisa pour ses parents. LâĂ©tat des façades et des amĂ©nagements intĂ©rieurs mâindiquent que le temps a passĂ©. Autant sur la construction que sur moi. Je pĂ©nĂštre par lâouverture cĂŽtĂ© route qui dĂ©bouche quasiment sur lâentrĂ©e de lâhabitat. La fille, probablement une des Ă©tudiantes en architecture quâemploie la Fondation, me salue dâun Salut Gianni, comment ça va aujourdâhui ? » Je lui rĂ©ponds que ça va en me dirigeant vers le jardin. Je mâassieds sur le petit banc qui jouxte le mur percĂ© dâune alcĂŽve dĂ©voilant le tableau figĂ© sur le lac quâil borde et les Dents-du-Midi. Elles sont immuables, alors que tout ici se dĂ©grade. A dĂ©fauts dâexplications par mon pĂšre qui restait murĂ© dans son silence, je voulus en avoir le cĆur net. Et plutĂŽt que de subir une confrontation, jâen appris plus sur lui. Ses constructions, ses immeubles, les villas quâil avait rĂ©alisĂ©es pour le compte dâautrui. Je retrouvais dans certains de ses bĂątiments des lignes que jâavais dĂ©couvert chez Sant-Elia. Il avait, lui aussi, une touche contemporaine, quoi quâil en dise. Et comme mĂ» par un besoin de comprendre, je retournais sur le chantier Ă lâinsu de mon pĂšre. CachĂ© derriĂšre le mur Est, perpendiculaire au lac, jây visualisais une structure, un prisme rectangulaire sur lequel, Ă lâextrĂ©mitĂ© Ouest au premier Ă©tage Ă©tait greffĂ© un autre prisme rectangulaire. Comme si ce dernier nâĂ©tait reliĂ© Ă aucune structure porteuse au rez-de-chaussĂ©e. Il semblait flotter. Pourtant, il Ă©tait accessible par un escalier Ă droite de lâentrĂ©e. Jâestimais la base de la structure principale Ă une dimension de seize par quatre mĂštres, sur un niveau. CĂŽtĂ© lac, la façade Sud Ă©tait percĂ©e dâune longue baie vitrĂ©e surmontĂ©e dâun caisson. Le revĂȘtement de façade nâavait pas encore Ă©tĂ© appliquĂ©, et jâimaginais une finition de type crĂ©pi. Comme beaucoup dâenfants, jâĂ©tais baignĂ© de certitudes. JusquâĂ ce que jâapprenne Ă apprendre, Ă Ă©couter les plus anciens. Ceux qui savaient, du moins, croyaient savoir. Mes Ă©tudes mâont fait prendre conscience que parfois, la perspective est autre que celle que vous avez sous les yeux. Prenez lâexemple dâun escalier de Penrose. En le voyant, vous croyez que sa rĂ©alisation est impossible, or, si vous y regardez de plus prĂšs, vous vous apercevez quâil nâest est rien. Si vous lâempruntiez, vous monteriez ou descendriez suivant la direction de vos pas. Et malgrĂ© tout, votre Ćil vous souffle que câest impossible. A lâĂ©poque jâĂ©tais moi aussi aveuglĂ©, trompĂ© par mes yeux. Entre mes mains, je contemple le croquis que jâavais rĂ©alisĂ© alors, persuadĂ© que câĂ©tait lĂ la meilleure esquisse que jâimaginais pour la finition de la maison Le Lac. Les heures sâĂ©coulĂšrent sans que je mâen rende compte. Et câest sans le vouloir que je mâendormi. Ce nâest que quand la fin de journĂ©e sonna pour les ouvriers que lâon me rĂ©veilla. De toute sa hauteur, mon pĂšre se tenait devant moi, sourcils froncĂ©s. Jâallais vraisemblablement passer un mauvais quart dâheure, mâĂ©tais-je dit. â Câest magnifique me dit-il en me tendant la perspective. Je restais muet. â Câest toi qui lâa faite ? enchaĂźna-t-il. â Tu⊠tu aimes ? Il opina. â Tu as du talent, mon fils. Bien plus que je nâen aurais jamais. La seule chose que je sais faire, câest construire⊠â Mais⊠â Et une chose que je ne sais pas faire, me coupa-t-il, câest parler. Je te dois une explication Gianni. Et il mâexpliqua que son MaĂźtre dâOuvrage Ă©tait exigeant, visionnaire. Peut-ĂȘtre lâun des meilleurs quâil avait rencontrĂ©. Ce jour-lĂ , il nâavait pas voulu dĂ©cevoir celui qui le payait, celui qui, peut-ĂȘtre un jour, parlerait de son travail et aurait la possibilitĂ© de mettre en pĂ©ril mon hĂ©ritage. Je lâai enlacĂ© et lui ai dit que je lâaimais. Ce Ă quoi il mâa rĂ©pondu que lui aussi. A la remise du chantier, mon pĂšre me fit rencontrer Charles-Ădouard Jeanneret-Gris et lui montra la perspective que jâavais rĂ©alisĂ©e. Celui qui se nommait Le Corbusier me gratifia de fĂ©licitations et me promit un grand avenir dans lâarchitecture. Je ne suis pas devenu aussi renommĂ© que lui, mais jâai voyagĂ©, bĂąti. Partout dans le monde. Sur la base des racines de toutes les cultures, constamment Ă©merveillĂ© par ce dont lâhomme est capable de rĂ©aliser de ses mains, grĂące Ă son esprit. Entre les mains je tiens une photographie prise par mon pĂšre Ă la fin du chantier. Il lâa gardĂ©e prĂ©cieusement toute sa vie, accrochĂ©e Ă un mur de la maison du quartier de lâAthĂ©nĂ©e. Elle me rappelle mon pĂšre et Le Corbusier, les deux hommes, morts la mĂȘme annĂ©e, qui mâont le plus inspirĂ©s. Et bien quâissu de lâesprit brillant du Corbusier, ce projet fait aussi partie de lâĆuvre de mon pĂšre. Maintenant, je suis heureux dâavoir accompli ce que jâai accompli ici. Chanceux dâavoir participĂ© avec mon pĂšre Ă quelque chose de plus grand que moi. Sans le savoir des uns et la technique des autres, nous ne sommes rien. En mĂȘme temps, nous sommes ces rĂ©alisations. Câest lâenchevĂȘtrement de nos vies, imbriquĂ©es les unes aux autres. Quâon le veuille ou non, la vision de lâun apporte de nouvelles perspectives Ă lâautre et câest lĂ que la vie prend tout son sens. Ces constructions sont le reflet de nos personnalitĂ©s. Elles ont autant de dĂ©fauts que de qualitĂ©s. Nous avons bĂąti, façonnĂ©. Briques aprĂšs briques. Des Ćuvres qui contemplent le temps. Et avec cet exercice, nous nous sommes construits. FIN N. B. Ce texte est dĂ©diĂ© Ă Charles-Ădouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, dĂ©cĂ©dĂ© le 27 aoĂ»t 1965 Ă Cap Martin. Photo Le Lac Ă Corseaux. Construction entre 1923-1924.
Dates: du 23 au 30 juillet 2022 Animateur : Thierry Transport aller-retour : en co-voiturage, 2 voitures de Montferrand Ă Bidous. MĂ©tĂ©o: trĂšs variĂ©e.Grand soleil trĂšs chaud le dimanche ; brumes et crachin le matin des autres jours avec des aprĂšs-midi variables ; orageux le jeudi ; orages et pluie le vendredi matin â soleil dans lâaprĂšs-midi
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